dimanche 4 février 2007

Et Lilith Dans Tout Ça ? (2eme partie)

Et bien figurez-vous qu’il existe une autre interprétation de ce passage de la Genèse : certains comprennent que Dieu créa en premier lieu l’homme et la femme dans un seul corps. Puis, voyant que l’homme, l’être humain, s’ennuyait, il crée la femme à partir d’une de ses côtes, ou, en d’autres termes, il sépare en deux entités la partie masculine et la partie féminine.
Cette vision apporte un éclairage nouveau sur les rapports entre les hommes et les femmes. D’abord, la femme n’a pas été créée deux fois, mais plutôt en deux fois ; l’homme aussi d’ailleurs. Puisque le premier être est à la fois homme et femme, ce n’est donc ni un homme, ni une femme. C’est seulement à la séparation des deux sexes que l’homme et la femme sont apparus.
Ensuite, cette interprétation amène une conception du couple où l’homme et la femme seraient les deux parties d’une seule entité qui doivent se trouver pour former l’unité. C’est vraisemblablement de cette conception que vient l’expression, aujourd’hui désuète, de « ma moitié » lorsqu’on parle de son conjoint. Mais surtout, elle induit que l’homme et la femme ne se retrouvent plus en concurrence l’un par rapport à l’autre, mais complémentaires dans leurs rapports.


Seulement, chacun a pu constater que, dans la vie réelle, les choses ne sont pas aussi simples. Il y a d’abord ces foutues pulsions de domination inhérentes à nos systèmes nerveux qui nous poussent à prendre le pouvoir au sein du couple, sans vraiment satisfaire les deux parties. Ensuite, les traditions patriarcales de nos sociétés, à commencer par la bible, ont tellement marqué les esprits et les comportements que la femme reste une partie inférieure, bien qu’essentielle, à la construction du couple.
Les mouvements de libération de la femme ont bien essayé de rééquilibrer la situation en prônant l’égalité homme femme. Elles luttèrent pour avoir accès à l’avortement et aux moyens de contraception, ce qui leur permit d’appréhender la sexualité avec plus de légèreté. Détachées des contraintes maternelles, elles revendiquèrent de nouvelles responsabilités au sein des entreprises, briguant même des postes de dirigeant. Mais elles ne réussirent finalement qu’à se faire une place dans un système de valeurs masculines, les obligeant à mettre leur féminité de côté pour se comporter comme des hommes. C’est peut être pire que de vouloir réinstaller un système matriarcal, puisque dans ce jeu, les femmes se perdent elles-mêmes.
En fait, chercher à placer les hommes et les femmes sur un plan d’égalité qui n’existe déjà pas entre personnes du même sexe est une aberration. L’égalité est un concept qu’on ne peut guère utiliser hors contexte. Elle peut s’appliquer face à la loi, au salaire ou aux droits, mais en aucun cas entre deux personnes, les êtres humains étant tellement différents les uns des autres. Et à plus forte raison lorsqu’ils sont de sexe opposé, puisque les différences physiques induisent des différences comportementales. Surtout que chacun estime que le comportement du sexe opposé est absurde.
L’égalité entre les sexes semble donc être un leurre qui empêche autant la complémentarité hommes femmes que les systèmes de dominance matriarcaux ou patriarcaux. Finalement, les deux sexes sont essentiels à la bonne marche de la vie, et aucun n’est plus important que l’autre. S’il doit être question d’égalité quelque part, c’est uniquement dans la reconnaissance que l’autre est indispensable. Pour le reste, il n’y a plus qu’à développer l’équilibre harmonieux entre les comportements des hommes et des femmes.
Bon, d’accord, c’est plus facile à dire qu’à faire. Et ça l’est d’autant plus que Dieu, en séparant la féminité et la virilité de l’être originel, a laissé un bout de femme dans l’homme et a pris un bout d’homme avec la femme. L’homme et la femme n’ont donc pas un comportement strictement propre à leur sexe, mais un subtil mélange des deux, lequel mélange varie en fonction des individus. Il y a de quoi s’emmêler les pinceaux !
On se retrouve en fin de compte obligé de faire des introspections mutuelles sur soi et sur l’autre, comprendre et accepter les différentes façons d’agir, s’accepter soi-même, ce qui est loin d’être évident, pour accepter l’autre, et tout ça en dehors de toute considération sociale et hiérarchique, pour trouver l’âme sœur, celle qui correspond le plus à ce qu’on recherche, la personne avec qui on se sent le mieux. Mais après tout, malgré le temps que ça prend, les tâtonnements, les revirements, les espoirs et les déceptions, le jeu n’en vaut-il pas la chandelle si, au bout de la route, on se connaît plus profondément, si on s’épanouit d’avantage ?