lundi 30 juillet 2007

... Ne rien faire c'est la conserver !

Ou : comment la mondialisation va venir à bout de la misère (pas immédiatement, mais bon).

Cet artice vient en complément du précédent, où nous avions évoqué le thème du travail salarié en indiquant qu'il avait permis à l'enrichissement très rapide (2 siècles) de la population des pays occidentaux, et de ceux qui l'ont suivi dans la voie de l'industrialisation. La notion du travail que nous avons actuellement est finalement assez récente (17e-18e s.), et son acception au début de ce 21ème siècle tend vers une autre définition. On assiste en effet à une décroissance du nombre de travailleurs "à temps plein" (ou payés "pleinement") au profit d'un statut de plus en plus éloigné du coeur de l'entreprise : CDD, Prestataire, Intérimaire, Indépendant, Vacataire, etc.

Les USA ou le Royaume-Uni s'ennorgueillissent d'un taux de chômage des plus bas (moins de 5%, contre 9 à 10% chez nous), mais ce sont les pays où les travailleurs sont les plus précaires: oui ils ont une paye, mais de combien ? Oui ils travaillent tous, mais jusque quel âge ? Avec quelle couverture sociale ? En y regardant de plus près, on découvre que la fameuse middle-class anglo-saxonne est en voie de rétrecissement. La crise immobilière actuelle aux USA sur les subprime mortgages montre la relative fragilité de cette classe sociale. Des prêts immobiliers ont été accordés à une grande quantité de ménage ayant des revenus très peu stables. Or beaucoup de ces ménages ont reçu de plein fouet la hausse rapide des taux d'intérêts (de 1 à 6 % en 2 ans !), et n'ont plus pu rembourser leurs échéances. Hormis que leurs biens ont été saisis et qu'ils ont régressé socialement, les banques spécialisées dans le prêt aux particuliers ont vécu un "mini-crach" qui continue à faire ses effets sur le reste des marchés financiers mondiaux...

Restons optimistes, le système financier international est moins directement dépendant des USA qu'avant. L'Euro est apparu et sert de balancier au dollar, bien trop sous-évalué. En fait le siècle qui s'est écoulé a montré la nécessité urgente d'avoir un vrai système financier international, pas un joujou entre les mains des grandes puissances occidentales uniquement. La Banque Mondiale et le FMI ont besoin d'être réformés complètement, sinon ils disparaîtront dans les 10 ans. Or ils ont encore un rôle important à jouer


J'aimerais évoquer maintenant les étapes qui ont permis à l'humanité d'arriver au stade actuel, où nous constatons un fait unique dans l'Histoire. Nous disposons actuellement des connaissances les plus poussées dans les domaines techniques et médicaux, l'industrie de pointe qui permet de construire presque tout ce que l'homme peut imaginer, les ressources financières comme jamais réunies et disponibles, et surtout une population très nombreuse et en bonne santé, éduquée et sensibilisée pour agir sur les points les plus importants qui nous concernent tous.




Le temps est donc mûr pour que les "valeurs" que nous avons connues jusqu'à présent évoluent vers un "idéal" qui soit commun à tous.



La question centrale pour un citoyen vivant dans les pays développés est de savoir s'il aura les moyens de vivre comme il faut : avoir un logement décent, une couverture santé minimale, une rémunération qui lui permette de consommer un minimum de produits et de services de base, et surtout s'il pourra conserver tout cela le plus longtemps possible, et voire même de jouir d'une retraite avec le même niveau de vie.

dimanche 27 mai 2007

Le travail c'est la santé...

Je fais partie de ceux qui s'étonnent depuis la petite enfance de ce phénomène caractéristique de notre société qu'est la "peur du chômage". L'ayant vécu moi-même, à plusieurs reprises même, je n'ai pas ressenti cette période comme une déchéance ou une chute, mais comme un passage, désagréable certes, car empêchant de s'inscrire dans une démarche de long terme, mais comme une période de renouveau, ouvrant vers de nouvelles opportunités, même si on m'avait un peu forcé à les vivre...

Alors, pourquoi le travail est une telle panacée aujourd'hui ? En a-t-il été autrement un jour ?


Il ne faut pas oublier l'étymologie des mots employés. Le mot "Travail" provient du latin tripalium, instrument de torture fait avec trois pieux de bois pour punir les esclaves récalcitrants, et le mot "Salaire", de salarium, la somme que percevaient les soldats Romains pour acheter leur sel, alors monnaie d'échange.

Le travail est donc associé à la notion de douleur. Depuis que l'Homme est sorti du Jardin d'Eden, il doit suer pour pouvoir manger. Rien ne lui est facile. La Terre lui refuse son fruit sans effort. C'est donc la Nature qui nous impose le travail, car nos besoins sont trop complexes pour se satisfaire de fruits cueillis, nous avons besoin de viande (la chasse c'est pas facile, n'en déplaise aux anti), de pain (faire une récolte, qui a déjà essayé tout seul ?), d'ustensiles divers pour stocker et transformer la nourriture et les matériaux bruts, pour se vêtir et se défendre. Bref, le fait de vivre demande une grande dépense d'énergie, et avant que les inventions récentes permettent à l'homme de produire plus avec moins d'effort, il fallait y aller pour gagner sa pitance.



Oui, sauf que...


Il y a toujours eu des petits malins, un peu plus balaises que les autres (physiquement et/ou intellectuellement), pour se dire que décidément travailler c'est trop dur, que voler c'est pas beau (et du coup qu'on a moins d'amis), alors que si on domine son prochain on peut avoir tout ce dont on a besoin (et même plus) sans trop se fatiguer.

La dominance, comme l'a démontré magistralement le regretté Docteur Henri Laborit, est le fruit de notre biologie de mammifères évolués. D'autres espèces la pratique aussi : les primates, les rongeurs évolués comme les souris ou les rats, les canidés, les grands félins, etc. Un ou plusieurs individus se mettent à la tête d'une communauté, et offre ses services de "guide" ou de "géniteur" en échange de nourriture, de respect, de femelles et d'honneurs. En retour il devra assurer son rôle en gérant les petites histoires de sa troupe, et se défendre contre les prétendants à son pouvoir. Laborit a démontré que le stress du dominant pouvait être plus nocif que le stress du dominé, car ce dernier avait au moins des moments de répit quand il avait obéi aux contraintes, alors que le chef est sous tension permanente. Chez nous cela se traduit par une recrudescence d'infarctus et autres maladies cardio-vasculaires, alors que pour le dominé il était plus soumis à des accidentes ou des maladies liées à son travail et à l'impossibilité de s'en sortir tout seul. Dans les deux cas, le seul salut ne peut venir que de la "fuite", soit réelle (je me barre !), soit dans l'imaginaire, plus facile et seul lieu non accessible par autrui (quoique la pub...)



Le travail a été pendant des millénaires réservé aux dominés, c'est à dire la plèbe et les esclaves. Les nobles, les militaires, les prêtres, ces trois classes qui dominent successivement et alternativement, voir concommitamment le pouvoir depuis toujours, ne travaillaient pas, elles. Elles s'occupaient à leurs activités en profitant du travail du commun des mortels, trop "heureux" de se voir dirigés, protégés, sauvés par ces classes dominantes.

Or, depuis environ huit siècles, l'occident s'est emparé d'une notion tout à fait étrangère, car née au Moyen-Orient deux millénaires plus tôt : le "commerce international" et son corollaire indispensable : la finance. Car pour aller acheter des épices en Inde ou des étoffes en Chine, pour les revendre plus cher que l'or (ou que les chewing-gum) à un public de dominants ayant les moyens et l'envie de montrer qu'ils le sont plus que les autres, il fallait des outils financiers de plus en plus sophistiqués. En effet, comment financer et assurer une expédition maritime au XIIe siècle, avec les risques immenses que cela impliquait ? Le gain escompté était de x10 à x50, alors l'investissement était rentable mais très risqué. Il fallait une grande flotte pour que au moins quelques bateaux reviennent sains et saufs et faire du profit. Seules quelques cités-états d'Europe ont pu trouver tous les ingrédients nécessaires à la pratique de cette activité : Bruges, Venise, Amsterdam, Londres, puis New-York, et maintenant San-Franciso/Los Angeles. Il faut pour cela attirer de nombreux entrepreneurs prêts à prendre des risques, des financiers ayant un capital à investir, et un régime politique libéral qui permette à chacun de s'enrichir sans se voir spolié par le monarque. C'est pourquoi ces villes citées plus haut ont pu réussir chacune pendant plusieurs siècles et contribuer à changer le monde en apportant des matières, des produits, des connaissances et des techniques du monde entier, favorisant la croissance mondiale par l'échange.



Certes, les grands Empires ont également permis tout cela, mais comme chacun le sait un Empire, fût-il le plus puissant du monde, à la fâcheuse tendance à provoquer à la fois la jalousie et la convoitise des peuples extérieurs, ainsi que les troubles intérieurs liés à la multiplicité des intérêts des peuples soumis à cet empire et qui un beau jour veulent à leur tour dominer. Bref, tous les empirent tombent, et seules des cités puissantes, appuyées par des populations nombreuses et un tant soit peu libres, peuvent profiter sur le long terme des bienfaits des échanges mondiaux et de la finance au service de l'enrichissement des peuples.

Bref, tout cela pour dire que le travail n'est que depuis très récemment une valeur universelle. C'est seulement lorsque les valeurs liées aux "Cités-Monde" nommées plus haut se sont répandues dans le reste de l'Europe, puis du globe, qu'il est devenu "à la mode" de s'enrichir par le travail. L'opulence des Vénitiens, des Londoniens et des New-Yorkais dans un monde où la misère était monnaie courante, ont fait naître l'espoir d'une vie meilleures à d'autres peuples qui vivaient sous d'autres systèmes politiques, moins libéralistes, et plus occupés à maintenir un système ancien de dominance.

Jusqu'à la fin du 19ème siècle, il était malvenu en France à un noble de travailler pour vivre, car c'était là affaire de parvenus, indigne de leur statut issus de la classe militaire. Cela allait en outre contre la croyance religieuse catholique que l'enrichissement personnel était un motif de damnation, car seule l'Église pouvait posséder des richesses matérielles, l'Homme devant se contenter de garder son rang dans la dignité mais non dans l'opulence. Les Hollandais puis les Anglo-Saxons, débarrassés de ce dogme par la Réforme, pensent au contraire que l'enrichissement personnel est une grâce divine et l'encouragent.

Le but maintenant de ces peuples est de s'enrichir le plus possible, en utilisant tous les moyens connus du commerce et de la finance, afin que le plus de gens puissent en bénéficier. Les travers de cette doctrine sont hélas bien connus puisque cela a engendré une nouvelle classe de dominés après les esclaves et les serfs : les prolétaires. Totalement liés à leur patron, ils ont juste de quoi survivre et vivent dans une grande misère tout en travaillant comme des forcenés, chose qui n'aurait jamais été admise pour les esclaves, car ils étaient la propriété de leur maître et avaient une valeur marchande ! Mais comme il n'y a plus d'esclaves et que le salarié peut théoriquement changer d'employeur comme il le veut, ce dernier peut faire jouer la concurrence salariale vers le bas et forcer son employé à travailler plus pour lui, et ce pour le moins possible. Ce système est parfait pour l'employeur tant que la main d'oeuvre est plus nombreuse que les emplois disponibles, car la peur du chômage, et donc du dénuement, fait accepter les conditions les plus dures...



Ce rapport de forces entre dominant et dominé est heureusement tempéré par l'action conjointe des forces organisées qui empêchent une trop grande dominance, et comme les profits générés le permettent, obligent les capitalistes les moins clairvoyants à partager les richesses produites, pour le bien de tous.

Ne laissons pas les maîtres de l'immoralité faire croire que le manque de travail est une calamité intrinsèque qui souille à jamais celui qui le vit. Au contraire, faisons en sorte que la solidarité enfin permise à une large échelle permette à l'homme de garder sa dignité et de s'épanouir dans une activité qui ne soit pas forcément que salariée. L'artisanat a une noblesse qui est en train de ressurgir au grand jour après des décennies d'opprobre bourgeoise. L'indépendant peut lui aussi choisir son mode et sa durée d'activité en fonction de ses besoins et aspirations.

Alors, l'avenir qui se profile et qui va rendre rare le travail (car faute d'une population active suffisante les entreprises vont devoir revoir leur manière de présenter le travail) permettra-t-elle enfin aux salariés de ne plus se faire dominer par un capitalisme sauvage ?

Le futur travailleur sera-t-il un indépendant multi-salarié, organisant son temps de travail en fonction des besoins de sa vie privée et non l'inverse ? Une vie active qui peut s'étendre sur une longue période, avec des "trous" de vacances ou de loisirs ou de bénévolat qui ne l'empêcherait nullement de retrouver un autre emploi ?

Qu'il soit ouvrier spécialisé, artisan, profession libérale ou employé du tertiaire le travailleur du travail, je l'espère, devra inventer un nouveau mot pour le qualifier car le travail n'aura plus grand-chose à voir avec la torture...

dimanche 20 mai 2007

... Et Voler, C'Est Pas Beau...

On a l’habitude d’entendre et de dire qu’il faut travailler pour gagner sa vie. Cette maxime met en valeur le rapport à l’argent du travail. Elle conditionne tellement la vie au sein de notre société qu’il est nécessaire d’en tenir compte pour envisager une réorganisation du travail.
La question du travail pose alors le problème de la rémunération du travail. Car aujourd’hui, pour vivre, on a plus besoin d’argent que de travail. L’action représenté par le travail n’a plus d’autre sens que celui du revenu. La production directe des éléments nécessaires à notre vie est l’affaire de spécialistes. Nous nous contentons seulement de les acheter. Et c’est là que nous atteignons le cœur du problème : l’achat, la vente, la consommation, l’économie de marché, la société de consommation. Car la plupart des aberrations de notre vie prennent leur source dans ce fonctionnement.
On peut penser que l’objectif premier de la société de consommation était la satisfaction des besoins d’une population à grande échelle. Afin que chaque intervenant de cette organisation puisse subvenir à ses propres besoins, un bénéfice est mis en place dans le prix de chaque produit. On se retrouve alors avec des mouvements monétaires qui passent de main en main et qui permettent le bon fonctionnement du bazar.
A priori, ça a l’air pas mal. Tant qu’il s’agit de se procurer à manger, de quoi se vêtir, de quoi se loger, un beau canapé et une machine à laver à 1500 tours/minute, ça reste cohérent. Mais les besoins des êtres humains ne se situent pas tous sur des plans matériels. On a besoin d’amour, de reconnaissance, de réalisation personnelle, d’amitié, de rapports humains, bref que des trucs qui ne se trouvent pas dans le commerce.
Pourtant, dans sa frénésie commerciale, la société de consommation s’efforce de nous faire croire le contraire. L’achat de produits d’image tels que des voitures, des cosmétiques, des vêtements, voire même des chewing-gums est censé faciliter nos relations avec les autres. Mes références datent un peu, mais c’est ce qui est exprimé dans la pub de « l’effet magique d’Impuls », où une femme se voit offrir des fleurs par un homme qu’elle ne connaît pas, simplement parce que celui-ci a été subjugué par son parfum.
Chacun sait que ça ne marche pas en vrai dans la vie. Mais malgré nous, nous achetons ces conneries avec l’espoir inconscient d’atteindre un tel résultat. Et forcément, on reste sur sa faim, ne comblant pas ses besoins réels et passant à côté de soi-même.
Aujourd’hui, cette façon de vivre a tellement imprégné nos mœurs qu’il paraît normal de payer chaque chose de la vie. Même si la rémunération du travail reste pour une part un moyen de subvenir à ses besoins, elle est surtout devenue l’instrument de la circulation des flux financiers.
Or, une grande part de ces flux est captée sous forme de bénéfices par les propriétaires des grandes entreprises et les hommes politiques, assurant par-là leur richesse, donc leur puissance. Et ceux-là ne travaillent pas, ils jouent. Ils jouent à une espèce de monopoly international, dans lequel les rues, les maisons et les hôtels sont habités, dont le but est d’avoir le plus d’argent et de pouvoir possible. Certains perdent, d’autres gagnent, quittent le jeu ou y rentrent, mais aucun ne prend en considération les êtres qui peuplent leurs parties, ou alors seulement pour s’assurer leur fidélité, et sans le travail desquels ils ne seraient rien.
Il paraît donc impossible de réfléchir au problème du travail sans remettre en question la redistribution des richesses, autrement dit ce jeu. Mais comme ce sont ceux qui jouent qui orientent les directions sociales, et qu’ils ne sont pas prêt à abandonner la partie, il est peu probable qu’ils proposent une vraie solution. Pourtant, il devient urgent de faire quelque chose car ce jeu, et la production intensive qui l’alimente, épuise les ressources de la terre si bien que l’on va finir par ne plus avoir de quoi vivre.
En fait, comme dans Matrix, nous sommes des esclaves inconscients dont l’énergie et l’âme sont volées par une poignée d’individus. Mais contrairement à Matrix, nous n’évoluons pas (encore ?) dans une réalité virtuelle. Nous avons les moyens d’agir. Si nous ne pouvons pas nous soustraire à l’obligation du travail, nous pouvons au moins éviter celle de la consommation en déjouant les pièges de la vente à tout prix. Après tout, une fois que nous avons de quoi manger, de quoi dormir, et à la rigueur un certain confort, qu’il y a-t-il de plus important que les rapports humains ?

dimanche 6 mai 2007

Travailler C'Est Trop Dur...

Le lendemain du premier mai 2007, la fête du travail, le jour où personne n’est censé travailler, il y eut un grand débat télévisuel entre les deux candidats à la présidence de la république. Comme toujours dans ce type d’événement, le sujet de la discussion est tombé sur le travail. Chacun abordait la question de son point de vue, avec ses propres propositions, divergentes l’une par rapport à l’autre, comme il se doit. Mais ils s’accordaient à reconnaître qu’il y a là un problème. D’ailleurs, depuis que je suis, même vaguement, l’actualité, j’entends parler du chômage, donc du problème du travail. On peine à trouver une solution.
Mais avant d’aller plus loin, posons-nous d’abord la première question : qu’est-ce que le travail ?
D’après Henri Labori, le travail est, à l’origine, une « activité thermodynamique » qui permet à la « machine métabolique que constitue un organisme » d’agir « sur le milieu de telle façon que sa structure soit conservée. » En bref, c’est l’action de trouver à bouffer, à dormir et à baiser quand le besoin s’en fait sentir. En somme, l’objectif n’a pas changé depuis que l’homme existe. En revanche, les méthodes et les techniques de travail ont grandement évolué à travers les âges. Entre la cueillette et la chasse en vogue à l’aube de l’humanité et le méga hyper super marché de notre réalité quotidienne, il y a un monde.
En tout cas, le travail est une contrainte puisqu’on ne peut pas se passer de manger et de dormir (on peut se passer de baiser, mais ce n’est pas facile tous les jours). Or, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais chaque fois qu’on est obligé de faire quelque chose, on trouve ça désagréable. C’est comme ça que le travail eut très vite une mauvaise réputation. Alors, des petits malins, poussés par leurs pulsions de domination et par celles de soumission des autres, tentèrent de se soustraire de ces obligations. Ils firent donc travailler les autres pour eux à travers l’esclavage, le servage, ou tout autre méthode exprimée par la force.
Cela dit, le travail ne présente pas que des inconvénients. Il canalise l’énergie vitale d’un individu par une activité structurée nécessaire au bon fonctionnement de son corps et de son esprit. Au sein d’un groupe, il permet à chacun, en fonction de ses capacités et de ses aspirations, de se faire une place, d’avoir un rôle, une utilité, et donc une reconnaissance de la part de la communauté. Mais là encore, les pulsions de domination pervertissent les rapports professionnels. Les tâches sont elles aussi hiérarchisées, et en fonction de l’importance qu’on leur accorde, elles apporteront plus ou moins de reconnaissance et de considération à celui qui les exécute. Ainsi, un directeur reçoit une meilleure reconnaissance qu’un ouvrier, et un homme sans travail n’en reçoit aucune. Il se sent alors exclu de la vie du groupe et nourrit la culpabilité de ne pas subvenir par lui-même à ses besoins.
De plus, l’homme est un animal qui vit en société. Or, le groupe, s’il protège les individus qui le composent, demande en contrepartie une part de travail en plus pour assurer sa pérennité. Et bien sûr, c’est à travers lui que s’expriment les échelles hiérarchiques de dominance, porteuses des jugements de valeurs, en fonction du lieu et de l’époque, qui définissent quelles qualités de ses membres doivent être récompensées ou dévaluées.


Avec la déclaration des droits de l’homme et l’instauration de la démocratie, on a pensé qu’on arriverait à gérer ces problèmes. Ce sentiment a été accentué par le développement de l’industrialisation, qui permit de produire plus, plus facilement et de réduire la pénibilité du travail. On peut désormais répondre à moindre effort aux besoins essentiels d’un grand nombre de personne. En fait, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la possibilité de se détacher des obligations vitales s’offre à nous. Non pas qu’il ne faille plus rien faire pour subsister, mais la part de travail de chaque individu pour subvenir à ses propres besoins et à ceux du groupe se trouve grandement réduite.
Mais l’organisation sociale n’a pas évolué en même temps que les technologies. Le système de rémunération de l’effort nous oblige à travailler toute la journée pour obtenir de quoi vivre, alors même que les machines nous soulagent tout les jours un peu plus de nos occupations. Ce phénomène est accentué par la logique de profit qui caractérise les classes dominantes, lesquelles poussent les chefs d’entreprise à virer du personnel pour dégager des bénéfices, bien qu’elles soient déjà bénéficiaires.
Le travail se fait de plus en plus rare. Déjà, en 1986, Albert Jacquard écrivait dans Cinq Milliards d’Hommes Dans Un Vaisseau que le travail était obsolète. Et les choses ne se sont pas arrangées depuis. Le travail devient si précieux que le Monde Diplomatique nous explique que certains veulent le rendre payant. Alors comment feront ceux qui ne pourront pas se payer de travail ?
Finalement, nous nous retrouvons dans une situation aberrante. Et tant que nous y resterons, le problème du chômage, et en même temps celui du travail, ne sera pas résolu.
En fin de compte, la solution ne se trouverait-elle pas dans une réorganisation profonde de notre société, où la place du travail serait redéfinie en fonction de la technologie et de chacun, une organisation où l’on aurait des obligations sociales, pour maintenir la structure du groupe, mais qui laisserait aussi le temps de penser à soi et au monde autour ?

dimanche 15 avril 2007

On S'En Sort Pas !

Les dirigeants chinois ont reconnu récemment le droit à l’accession à la propriété. La vie de Fidel Castro ne tient plus qu’à un fils. On peut donc dire que le communisme est mort. C’est la fin du processus qui a commencé en 1989, avec la chute du mur de Berlin, et qui symbolisait la chute du bloc de l’Est.
C’est dans la liesse et la joie que l’on vécut la fin du système soviétique. Une sombre période de crimes politiques, de misère et d’oppression se terminait enfin. La démocratie et la liberté triomphaient.
Certains "géopoliticologues" soulevèrent alors le problème posé par la disparition de l’équilibre qui résidait dans l’affrontement des blocs est-ouest. Ils prévoyaient un affrontement nord-sud. Mais, pendant que se redessine la carte du monde, et que le sud tente tant bien que mal de trouver une place honorable dans cette nouvelle configuration, un autre danger se profile à l’horizon des pays développés.
La chute du communisme permit à nos politiciens et penseurs d’affirmer que la démocratie n’était certes pas un système parfait, mais que c’était le meilleur. Comme si on avait fait le tour de toutes les organisations sociales. En tout cas, ce type d’affirmation nous dispense d’y penser.
Or, notre démocratie repose sur un système économique que l’on appelle « économie de marché », ou, si vous préférez, la société de consommation. Dans ce contexte, le chef suprême est le profit. Et l’idéologie qu’il véhicule n’a plus d’opposition et se sent alors toute puissante, au détriment du bon sens et de la vie humaine. C’est à un tel point qu’on pourrait se demander si les dirigeants ne sont pas devenus fous, puisqu’ils mettent l’équilibre général de la planète en péril, et qu’ils finiront donc par y passer eux aussi.
Une véritable dictature de l’argent est en train de s’affirmer dans les pays développés. Cette frénésie du profit met sérieusement en danger nos libertés et nos valeurs démocratiques, sans parler des rapports humains qui s’appauvrissent de jour en jour. Nous ne sommes plus que des moyens de production et de consommation.


Alors, si inventer une nouvelle organisation sociale peut paraître ardu (cela dit, si ça vous intéresse, j’ai des pistes), on peut au moins se battre pour sortir de ce nouvel esclavage que l’on essaye de nous imposer au nom de la démocratie et de la liberté pour rendre leur véritable sens à ces mots, et à notre vie…
Efforçons-nous d’être, au lieu de toujours chercher à avoir.

mercredi 28 mars 2007

Le Secret Du Bonheur

Il était une fois un homme qui voulait connaître le secret du bonheur. Or, à l’autre bout de son pays vivait un sage qui, disait-on, connaissait tous les secrets du monde. L’homme décide alors de se rendre auprès de ce sage.
Il va chercher son âne et se prépare pour un long voyage.
Après deux semaines de marche à travers le pays, il arrive enfin devant la demeure du sage. Mais il n’est pas le seul à vouloir s’entretenir avec le saint homme. Il lui faut attendre son tour. Il dresse alors sa tente devant la propriété du grand maître. Deux autres semaines passent avant qu’il ne soit enfin reçu par le grand sage.
« - Alors, lui demande celui-ci, que me vaux l’honneur de ta visite ?
« - Grand Maître, j’aimerais connaître le secret du bonheur.
« - C’est une question très difficile. Il faut que je réfléchisse. Pendant ce temps, prend cette cuillère pleine d’huile, fait le tour des jardins et reviens me voir. Mais attention ! Tu ne dois pas en perdre une goutte. »
Et notre homme s’en va faire le tour des jardins avec sa cuillère.
De retour devant le sage, celui-ci lui demande :
« - Alors, comment as-tu trouvé mes jardins ?
« - Je ne sais pas grand maître, je surveillais l’huile dans la cuillère.
« - Bon, retourne visiter les jardins et dis-moi ce que tu en penses. »
Notre homme repart donc visiter les jardins. Et là, il est ébloui par ce qu’il voit. Jamais de sa vie, il ne se trouva devant une telle magnificence : les massifs de fleurs rayonnent au soleil et embaument l’air de parfums délicats, des sièges judicieusement placés sous des ombrages laissent au promeneur le loisir de se reposer dans une douce fraîcheur, au détour des allées aménagées avec harmonie, des fontaines mêlent leur chant à celui des oiseaux multicolores qui batifolent dans les arbustes. Tout est agencé pour le plaisir des sens.
À son retour auprès du saint homme, il ne tarit pas d’éloge sur la beauté de ses jardins. Au bout d’un moment, le sage l’interrompt :
« - Mais, il n’y a plus d’huile dans la cuillère ! »
L’homme, penaud, regarde le couvert qu’il ne tient plus que négligemment entre deux doigts et qu’il avait complètement oublié.
« - C’est-à-dire, bafouille-t-il, que j’étais tellement absorbé dans la contemplation des jardins…

Le sage reprend :
« - Tu connais maintenant le secret du bonheur : jouir de la beauté des jardins sans perdre une goutte d’huile. »



D’après un conte oriental.

dimanche 18 mars 2007

Y En A Qui Bougent Encore


On dit qu’une motivation inconsciente du massacre des indiens d’Amérique du nord fut qu’en arrivant, les colons découvrirent un peuple qui n’avait rien, qui ne foutait rien, en dehors de ce qui était nécessaire à sa subsistance, et qui pourtant était heureux. Alors plutôt que de se remettre en question, que de se dire que, peut être, ils avaient fait fausse route dans leur vie de labeur et de plaintes continuels et qu’il devait y avoir moyen de moyenner, les colons préférèrent exterminer ces gens qui mettaient leur vision du monde en porte-à-faux.

samedi 10 mars 2007

Tu Crois ?

Lorsqu’on parle de Dieu, il y a ceux qui y croient, et ceux qui n’y croient pas. Et souvent, ceux qui n’y croient pas argumentent en disant que Dieu n’existe pas, et donc qu’on ne peut pas croire à quelque chose qui n’existe pas. C’est un peu comme le père noël, sauf que pour le père noël, on a la preuve qu’il n’existe pas puisque c’est nous-même qui achetons les cadeaux.

Mais en ce qui concerne Dieu, les choses se corsent, car si on n’a pas la preuve de son existence, on n’a pas non plus la preuve du contraire. La science, malgré son développement actuel, n’a pas réussi à répondre à la question. Et finalement, personne ne peut avoir de certitude sur ce sujet et chacun porte ses doutes en lui jusqu'à sa mort, où peut être y trouvera-t-il une réponse. Mais en attendant, il faut bien vivre et trouver des points de repère sur lesquels appuyer nos actions. Car en fait, la question de l’existence de Dieu soulève celles de comment et pourquoi vivre. L’être humain ne peut se contenter de son programme génétique de base qui consiste, comme pour la plupart des animaux, à croître et se multiplier.
Parce qu’il a une conscience, l’homme se pose des questions. Il se demande ce qu’il fout là, comment il est arrivé là, pourquoi il est là, et surtout, il se demande pourquoi il meurt et ce qui se passe à ce moment-là. Et toutes ces questions l’angoissent. Alors il invente des mythes pour se rassurer. Il soulève des hypothèses. Et quand un mythe réussi à convaincre plein de gens, il devient une religion.
C’est à ce moment-là qu’on sort du cadre de la spiritualité pour entrer dans celui de la sociologie. Les paroles du ou des dieux deviennent des lois qui s’appliquent au comportement des hommes. Par la même occasion, certains utilisent alors les religions comme outil de domination de leurs semblables. Et bien souvent, ceux qui rejètent Dieu rejètent en fait la domination exercée par les religions sur les peuples.
Cette domination est à l’origine de la confusion qui règne aujourd’hui dans les esprits, car, pour qu’elle puisse fonctionner, il était nécessaire que les gens croient au mythe de la religion dont ils dépendaient et qu’ils la considèrent comme parole d’évangile, c’est le cas de le dire. Bien sûr, ceux qui émettaient des doutes, ou qui voyaient les choses autrement, se trouvaient écartés de la vie commune de façon plus ou moins sympathique, en général, plutôt moins. Il reste alors une rancœur dans le cœur de certaines personnes à l’encontre des religions, et par association d’esprit, à l’encontre de Dieu. On préfère alors nier son existence que de subir la toute puissance des religions.
Mais si on fait ça, on prend le risque de rejeter par là même toute spiritualité et de se retrouver alors esclave d’une programmation génétique qui nous oblige à vivre sans but. On serait donc coincé ?
Pas forcément. On peut se raccrocher aux branches. Car s’il y a une chose dont on peut être sûr, c’est celle de l’unité de la création, en tout cas à l’échelle de la planète. Les alarmes répétées des écologistes et des scientifiques en sont des preuves suffisantes. Et ça, ça sous-entend que tout est lié. Mais, si tout est lié, alors notre comportement a des conséquences sur ce qui nous entoure, sur la totalité de ce qui nous entoure, pas seulement sur le mettre cube à proximité. De plus, et surtout, nous avons conscience de ces conséquences. Nous savons ce que nous faisons. Nous en sommes donc responsables.
Dans Au Commencement... Dieu !!!, j’explique que le dieu unique propre aux religions monothéistes qui nous entourent exprime, entre autres, une unité de création. Déjà, on sort de la question de l’existence de Dieu, pour entrer dans celle de ce qu’il symbolise. D’un point de vue général, il symbolise tout ce que l’on ne comprend pas.
Mais parmi tout ce qu’il symbolise, on a au moins compris que l’unité de la création définissait la terre comme un ensemble cohérent. Et la terre est un domaine sur lequel nous pouvons agir. Alors d’un coup, ça va mieux, parce que si Dieu est toujours aussi abstrait, que la mort reste un mystère et qu’on ne sait toujours pas vraiment d’où l’on vient, au moins, on a une hypothèse de départ sur ce qu’on fout là : entretenir et soigner le monde, puisque, apparemment, nous sommes la seule espèce à pouvoir le faire, et qu’on en a besoin pour vivre.
Et puis, ce qu’il y a de bien dans cette façon de prendre les choses, c’est que ça peut mettre tout le monde d’accord. Ceux qui croient en Dieu n’ont qu’à se référer à la Genèse : lorsque Dieu chasse l’homme et la femme du jardin d’Eden, n’est-ce pas pour les mettre au défi de refaire un jardin de type Eden de la terre où il les a mis, du genre « ah ouais, tu veux jouer au grand, alors montres moi de quoi tu es capable » ?
Quant à ceux qui ne croient pas en Dieu, c’est encore plus simple, puisque la terre est l’endroit où l’homme vit, autant la rendre la plus agréable possible.
Un autre avantage de cette vision des choses est que sa réalisation nécessite une vision globale de la planète, avec toutes ses implications et ses interactions. Cela nous obligerait à prendre du recul sur les évènements, à ne plus seulement considérer son petit nombril, sa propre sphère personnelle, son segment professionnel à soi et à nous impliquer ensemble dans cette unité de création. Il est alors vraisemblable que l’homme change de logique de vie, brise les chaînes auxquelles il s’est lui-même entravé, et qu’enfin, il se sente libre et heureux. Et finalement, n’est-ce pas là le sens de la vie, que Dieu existe ou pas ?

vendredi 2 mars 2007

Vague


Lors du tsunami du 26 décembre 2004, on a constaté qu'aucun animal n'était mort. Cela sous-entend que les animaux avaient senti le danger et c'étaient éloignés de la zone.
En revanche, beaucoup d'être humains sont morts. Ils n'avaient pas senti le danger et ne se sont donc pas éloignés de la zone.
Pour une espèce qui se prétend supérieure au règne animal, il semblerait qu'il lui manque un élément essentiel ! A moins qu'à travers sa quête frénétique de la civilité, l'humanité a court-circuité un truc qui fallait pas ? Peut être que quand on a fait le tri entre les côtés bestiaux qu'on gardait et ceux qu'on jetait, on n'a pas choisi les bons ? Et si c'est la cas, est ce que c'est récupérable ?
En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'on n'est pas en position de se la raconter.

dimanche 4 février 2007

Et Lilith Dans Tout Ça ? (2eme partie)

Et bien figurez-vous qu’il existe une autre interprétation de ce passage de la Genèse : certains comprennent que Dieu créa en premier lieu l’homme et la femme dans un seul corps. Puis, voyant que l’homme, l’être humain, s’ennuyait, il crée la femme à partir d’une de ses côtes, ou, en d’autres termes, il sépare en deux entités la partie masculine et la partie féminine.
Cette vision apporte un éclairage nouveau sur les rapports entre les hommes et les femmes. D’abord, la femme n’a pas été créée deux fois, mais plutôt en deux fois ; l’homme aussi d’ailleurs. Puisque le premier être est à la fois homme et femme, ce n’est donc ni un homme, ni une femme. C’est seulement à la séparation des deux sexes que l’homme et la femme sont apparus.
Ensuite, cette interprétation amène une conception du couple où l’homme et la femme seraient les deux parties d’une seule entité qui doivent se trouver pour former l’unité. C’est vraisemblablement de cette conception que vient l’expression, aujourd’hui désuète, de « ma moitié » lorsqu’on parle de son conjoint. Mais surtout, elle induit que l’homme et la femme ne se retrouvent plus en concurrence l’un par rapport à l’autre, mais complémentaires dans leurs rapports.


Seulement, chacun a pu constater que, dans la vie réelle, les choses ne sont pas aussi simples. Il y a d’abord ces foutues pulsions de domination inhérentes à nos systèmes nerveux qui nous poussent à prendre le pouvoir au sein du couple, sans vraiment satisfaire les deux parties. Ensuite, les traditions patriarcales de nos sociétés, à commencer par la bible, ont tellement marqué les esprits et les comportements que la femme reste une partie inférieure, bien qu’essentielle, à la construction du couple.
Les mouvements de libération de la femme ont bien essayé de rééquilibrer la situation en prônant l’égalité homme femme. Elles luttèrent pour avoir accès à l’avortement et aux moyens de contraception, ce qui leur permit d’appréhender la sexualité avec plus de légèreté. Détachées des contraintes maternelles, elles revendiquèrent de nouvelles responsabilités au sein des entreprises, briguant même des postes de dirigeant. Mais elles ne réussirent finalement qu’à se faire une place dans un système de valeurs masculines, les obligeant à mettre leur féminité de côté pour se comporter comme des hommes. C’est peut être pire que de vouloir réinstaller un système matriarcal, puisque dans ce jeu, les femmes se perdent elles-mêmes.
En fait, chercher à placer les hommes et les femmes sur un plan d’égalité qui n’existe déjà pas entre personnes du même sexe est une aberration. L’égalité est un concept qu’on ne peut guère utiliser hors contexte. Elle peut s’appliquer face à la loi, au salaire ou aux droits, mais en aucun cas entre deux personnes, les êtres humains étant tellement différents les uns des autres. Et à plus forte raison lorsqu’ils sont de sexe opposé, puisque les différences physiques induisent des différences comportementales. Surtout que chacun estime que le comportement du sexe opposé est absurde.
L’égalité entre les sexes semble donc être un leurre qui empêche autant la complémentarité hommes femmes que les systèmes de dominance matriarcaux ou patriarcaux. Finalement, les deux sexes sont essentiels à la bonne marche de la vie, et aucun n’est plus important que l’autre. S’il doit être question d’égalité quelque part, c’est uniquement dans la reconnaissance que l’autre est indispensable. Pour le reste, il n’y a plus qu’à développer l’équilibre harmonieux entre les comportements des hommes et des femmes.
Bon, d’accord, c’est plus facile à dire qu’à faire. Et ça l’est d’autant plus que Dieu, en séparant la féminité et la virilité de l’être originel, a laissé un bout de femme dans l’homme et a pris un bout d’homme avec la femme. L’homme et la femme n’ont donc pas un comportement strictement propre à leur sexe, mais un subtil mélange des deux, lequel mélange varie en fonction des individus. Il y a de quoi s’emmêler les pinceaux !
On se retrouve en fin de compte obligé de faire des introspections mutuelles sur soi et sur l’autre, comprendre et accepter les différentes façons d’agir, s’accepter soi-même, ce qui est loin d’être évident, pour accepter l’autre, et tout ça en dehors de toute considération sociale et hiérarchique, pour trouver l’âme sœur, celle qui correspond le plus à ce qu’on recherche, la personne avec qui on se sent le mieux. Mais après tout, malgré le temps que ça prend, les tâtonnements, les revirements, les espoirs et les déceptions, le jeu n’en vaut-il pas la chandelle si, au bout de la route, on se connaît plus profondément, si on s’épanouit d’avantage ?

samedi 27 janvier 2007

Et Lilith Dans Tout Ça ? (1ere partie)

Avez-vous jamais entendu parler de Lilith ? Elle est, paraît-il, la première femme créée par Dieu. Les esprits s’enflamment lorsqu’il s’agit de définir si elle est la femme véritable, ou le brouillon. Le débat fait rage dans les milieux autorisés ; mais ailleurs ? Qui se soucie de Lilith ? Pourtant, un lecteur du Paradis Perdu soulève la question de ce personnage qui, alors même que nous ignorons son existence, laisse sa trace sur nos habitudes de vie.

En fait, dans la bible, Dieu crée l’homme et la femme (Genèse, chap. 1, v. 27). Puis il installe Adam dans le jardin d’Eden. Mais là, Adam s’ennuie. Dieu voit son ennuie et décide de lui donner de la compagnie. Il le plonge dans un profond sommeil et lui retire une côte à partir de laquelle il crée la femme, Eve (Genèse, chap. 2, v. 22). Ah... Je vois à la lumière allumée dans votre œil que votre esprit acéré a décelé l’anomalie : la femme a été créée deux fois !
Alors que s’est-il passé ? Dieu était bourré ou quoi ?
Partant du potentat qu’il est peu probable que Dieu ait eu une absence, les érudits se sont penchés sur cette question et en ont déduit l’existence d’une première femme, visiblement cachée, donc forcément mauvaise. Et à partir de là, ça part en limonade.
Cette femme s’appellerait Lilith, et aurait été rejetée par Adam parce qu’elle refusait les positions sexuelles où l’homme domine la femme, du type missionnaire, pour préférer celles où la femme domine l’homme, à savoir où elle est sur lui. Et bien qu’elle ait une sexualité débridée et insatiable, elle refuse aussi d’avoir des enfants pour rester libre. Elle est donc remplacée par Eve, qui symbolise alors la femme mère et soumise. Tout ça abreuvé par une mythologie qui prend ses sources dans les traditions persanes et égyptiennes, où Lilith devient un démon femelle qui couche avec le diable et mange des enfants (pour plus de détails, consulter Wikipedia).
On patauge alors entre fantasme et conflit social. Il semble que Lilith symbolisait le matriarcat dominant à l’époque biblique. Sa diabolisation aurait donc servi à installer le patriarcat qui l’a supplanté par la suite et qui court encore aujourd’hui. Son appétit sexuel ne pouvait être que l’œuvre du démon et son envie de liberté sans enfant aurait fini par la rendre stérile, la malédiction ultime de l’époque. Sa légende servit de modèle à asseoir la domination masculine sur les femmes. Ainsi, lorsqu’une femme semblait plus intéressée par le sexe que par la vie de famille, voire quand elle aimait simplement un peu trop faire l’amour, elle ne pouvait être qu’une sorcière, ou possédée par le diable. On imagine facilement quelles épreuves elle pouvait traverser entre la répudiation, et donc de l’exclusion du groupe, et le bûcher, sans parler des ravages sur les femmes, genre filles mères considérées comme des catins. Forcément, ça calme.
Mais, si Eve est la mère avec qui on construit sa vie et sa descendance, Lilith est la pute qu’on maudit et répudie le jour, et dont on rêve la nuit... Le fantasme flirte avec la politique.

Plus tard, lorsque certaines femmes décidèrent de se libérer du joug de l’homme, elles ressortirent Lilith de son tiroir pour brandir le drapeau de la jouissance sexuelle sans enfants, donc sans attaches, et sans contraintes. Munies des méthodes de contraception moderne, elles purent enfin goûter à la liberté qui n’était réservée qu’aux hommes jusqu’alors.
À ce propos, dans la légende de Lilith, il est question de la contraception qu’elle utilise pour ne pas avoir d’enfants avec Adam. Non pas que la légende soit vraie, mais si le procédé est évoqué, c’est qu’il est connu. On peut donc se dire que la contraception féminine existait à l’époque de la bible. Il est probable que les méthodes contraceptives furent soigneusement oubliées par les hommes pour affirmer un peu plus leur domination, enfermant les femmes dans leur rôle de mère.
En fin de compte, la légende de Lilith s’inscrit complètement dans l’échelle hiérarchique de dominance, puisqu’elle exprime la lutte entre les systèmes matriarcal et patriarcal, où Lilith, la dominatrice, castre ses partenaires et regrette alors leur manque de virilité, tandis que Eve, la soumise, parfaite pour le foyer, manque cruellement d’appétit sexuel. En fait, Lilith et Eve symbolisent chacune une vision tronquée de la femme qui ne convient à personne.
Au moins, ce qu’il y a de bien dans cette interprétation du texte biblique, c’est que, depuis deux mille ans environ, on a largement eu le temps de voir que l’échelle hiérarchique de dominance ne fonctionnait pas au fond du lit conjugal.
Mais, maintenant qu’il est entendu que les érudits qui planchaient sur Lilith ont fait fausse route, l’anomalie de la double création de la femme nous reste sur les bras. Alors, Dieu était vraiment bourré ?

dimanche 21 janvier 2007

T'as Pas Du Feu?

Le premier février prochain, il sera interdit de fumer dans les endroits publics. Les bars, brasseries, restaurants, et autres débits de boissons, après d’âpres négociations, ont réussi à repousser l’application de cette loi dans leurs établissements jusqu’au premier janvier 2008. Cette loi est faite, nous dit-on, pour lutter contre le « tabagisme passif », à savoir, pour éviter aux non-fumeurs de fumer par l’intermédiaire des fumeurs. Elle vise aussi le ralentissement du tabagisme, tout ça dans une logique de santé publique.www.tabac.gouv.fr

On peut apprécier les efforts du gouvernement pour protéger notre santé, mais on peut aussi se demander pourquoi cette mesure ne concerne que le tabac. En effet, il est de notoriété publique que les gaz à effet de serre, notamment ceux émis par les échappements des véhicules à moteur sont largement aussi cancérigènes que le tabac, et touchent notre vie même puisqu’ils contribuent à des modifications climatiques. De plus, ils sont inévitables, puisqu’ils envahissent les rues de nos belles cités. Ainsi, les bébés, dans leur poussette, sont au niveau des pots d’échappements, et nos chères petites têtes blondes, lorsqu’elles se rendent à l’école, emplissent leurs poumons de vapeur de diesel. Même en restant chez soi, l’air vicié se faufilera par les fenêtres ou la porte.
Pourtant, les technologies non polluantes existent. D’ailleurs, il est courant de voir sur les véhicules municipaux, tels les camions poubelles ou les dépanneuses de la fourrière, « j’aime ma ville, je roule propre », sans parler des bus qui se vantent de fonctionner à l’ « aquazole ».
Certains agriculteurs français ont même développé un carburant à base de colza qui fonctionne avec n’importe quelle voiture et qui pollue beaucoup moins que les dérivés pétroliers. Mais si vous essayez de l’utiliser, vous aurez à payer des amendes assez salées. Pourquoi ? Mais parce que vous ne vous êtes pas acquitté de la TIPP, la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers. Donc, si on ne peut pas utiliser d’autres carburants, c’est parce que les taxes n’ont pas été mises en place.
Ça fait quand même au moins trente ans qu’on entend dire que le pétrole pollue la vie et au moins dix ans qu’on entend parler d’alternatives multiples au pétrole. Mais aucune mesure efficace ne semble se profiler à l’horizon et les politiciens ont visiblement du mal à légiférer sur la question. En fait, en nous interdisant d’utiliser d’autres carburants que les produits pétroliers, ils nous obligent à polluer l’air que nous respirons et donc à rendre des gens malades. Après ça, le nuage de nicotine semble bien anodin à côté de celui des hydrocarbures.

On est alors en droit de se demander s’ils sont autant concernés par la santé publique qu’ils veullent bien nous le faire croire en interdisant la cigarette. En revanche, ce qui paraît évident, c’est que le lobby pétrolier est plus fort que celui du tabac. Finalement, toute cette histoire n’est qu’une question d’image et de gros sous. Et le plus drôle, c’est que, question gros sous, le gouvernement serait bien emmerdé si tout le monde s’arrêtait de fumer…

jeudi 4 janvier 2007

On Se Retrouve Tout De Suite Après La Pub

Vous avez certainement entendu parler de « Hollywood Oxygen », vous savez ces gouttes liquides au goût inimitable de la « fraîcheur de vivre », contenues dans de petites billes souples dont la consistance et l’aspect rappellent tellement le plastique qu’on se demande si elles sont comestibles. Ces merveilles de l’industrie agroalimentaire sont vendues en grandes surfaces par lot de deux « boites » au prix de 2,50 € environ. Et tout ça pour rafraîchir l’haleine !


Mais approchons-nous : chaque « boite » contient 1,6 g de billes, soit 2,50 € pour 3,2 g. Un rapide calcul nous donne alors le prix au kilo : 781,25 €. Non messieurs dames, vous ne rêvez pas ! 781,25 € le kilo ! Qui dit mieux ?
Saisissons-nous violemment du catalogue « Fêtes 06 » de Fauchon, et fébrilement, cherchons les prix. Que trouvons-nous ?
_ Saumon sauvage écossais fumé à l’ancienne : 175 €/kg
_ Foie gras de canard truffé 15% : 390 €/kg
Il n’y a que le caviar (français) à 1950 €/kg qui dépasse le prix de ces billes magiques.
Nous sommes donc en présence de la Rolls chimique, vendue négligemment en bout de caisse, et qui l’air de rien se glisse dans votre caddie. Et dire qu’à Noël, vous hésitiez entre le foie gras en bocal et celui en semi-conserve. Allez, l’année prochaine, vous prendrez les deux, en vous souvenant que le PDG d’Hollywood s’offre régulièrement, grâce à nous, du caviar Béluga à 7560 €/kg car, soyons honnêtes, des « Hollywood Oxygen » à la louche, c’est carrément immangeable…