Il va chercher son âne et se prépare pour un long voyage.
Après deux semaines de marche à travers le pays, il arrive enfin devant la demeure du sage. Mais il n’est pas le seul à vouloir s’entretenir avec le saint homme. Il lui faut attendre son tour. Il dresse alors sa tente devant la propriété du grand maître. Deux autres semaines passent avant qu’il ne soit enfin reçu par le grand sage.
« - Alors, lui demande celui-ci, que me vaux l’honneur de ta visite ?
« - Grand Maître, j’aimerais connaître le secret du bonheur.
« - C’est une question très difficile. Il faut que je réfléchisse. Pendant ce temps, prend cette cuillère pleine d’huile, fait le tour des jardins et reviens me voir. Mais attention ! Tu ne dois pas en perdre une goutte. »
Et notre homme s’en va faire le tour des jardins avec sa cuillère.
De retour devant le sage, celui-ci lui demande :
« - Alors, comment as-tu trouvé mes jardins ?
« - Je ne sais pas grand maître, je surveillais l’huile dans la cuillère.
« - Bon, retourne visiter les jardins et dis-moi ce que tu en penses. »
Notre homme repart donc visiter les jardins. Et là, il est ébloui par ce qu’il voit. Jamais de sa vie, il ne se trouva devant une telle magnificence : les massifs de fleurs rayonnent au soleil et embaument l’air de parfums délicats, des sièges judicieusement placés sous des ombrages laissent au promeneur le loisir de se reposer dans une douce fraîcheur, au détour des allées aménagées avec harmonie, des fontaines mêlent leur chant à celui des oiseaux multicolores qui batifolent dans les arbustes. Tout est agencé pour le plaisir des sens.
À son retour auprès du saint homme, il ne tarit pas d’éloge sur la beauté de ses jardins. Au bout d’un moment, le sage l’interrompt :
« - Mais, il n’y a plus d’huile dans la cuillère ! »
L’homme, penaud, regarde le couvert qu’il ne tient plus que négligemment entre deux doigts et qu’il avait complètement oublié.
« - C’est-à-dire, bafouille-t-il, que j’étais tellement absorbé dans la contemplation des jardins…

Le sage reprend :
« - Tu connais maintenant le secret du bonheur : jouir de la beauté des jardins sans perdre une goutte d’huile. »
D’après un conte oriental.
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