dimanche 19 novembre 2006

LA Question


QUESTION :

Peut-on raisonnablement tenter de répondre en quelques mots à une question tellement importante qu’elle taraude complètement la conscience humaine depuis l’aube des temps, une question si cruciale qu'elle divise, et de plus en plus profondément, les membres de notre espèce, au point de s'entre-tuer à ce sujet sans aucune mauvaise conscience. Cette question, qui pour certains sera sans objet parce que évidente, et qui pour d'autres sera sans objet parce que inutile, c'est celle de l'existence du "divin". Nous n'avons volontairement pas parlé de "Dieu", car nous verrons plus tard que ce mot a une origine précise et une signification qui n'englobe pas toutes les notions de divinité qui puisse exister.

La question des questions…

Qu'est-ce donc que la Divinité ? Comment se représenter ce qui n'est pas représentable ? A cette question il y a toujours eu deux approches possibles : donner une représentation compréhensible par la sensibilité humaine, quitte à restreindre la notion de divinité sous-jacente (cela donnera les Dieux et Déesses de l'antiquité), ou bien alors rester dans un domaine entièrement spéculatif et donc non représentable, quitte à se détacher de l'expérience quotidienne de tout un chacun (nous avons ici le Divin monothéiste et le Vide bouddhiste).

Mais tout d'abord nous pouvons nous poser la question du pourquoi de cette question. La notion de divinité est-elle si indispensable ? A notre époque et dans un pays laïc nous serions tentés de dire que non, et nous avons tous des exemples de personnes plus ou moins proches qui vivent apparemment sans aucune démarche religieuse ou spirituelle, sans se poser de question plus avant (et cela ne dérange plus personne de surcroit !) Par contre, cet état de fait a-religieux n'expliquera en rien le passé qui est à l'origine même de la laïcité, ni le comportement des milliards de gens qui, de part le monde, ne peuvent concevoir une existence sans spiritualité au quotidien.

Ignorer le fait religieux est aussi absurde que de nier l'existence humaine, car nous pouvons affirmer, en nous basant sur les recherches les plus sérieuses en archéologie et en ethnologie, que l'être humain a toujours été en quête de spiritualité, et également en recherche d'expression de cette spiritualité, notamment au travers des rites et de l’art.

A l'origine...

Il y a bien longtemps (-100 000 ans), l'homo sapiens devient "sapiens sapiens" (qui sait qu'il sait), et à ce moment s'ouvre un début de processus réflexif qui le pousse à se demander pourquoi il est là et quel est cet univers étrange qui l'entoure... Or il était absolument impossible de tout comprendre de l'univers lors de ces âges reculés. Les fléaux et maladies venaient de toute part rappeler à l'humain sa fragilité et sa petitesse par rapport au monde environnant. Comment expliquer alors sa place, comprendre les relations entre toutes ces parties de l'univers observable ?

On suppose que les premières formes de religion étaient liées au culte des éléments, des esprits des animaux, ainsi qu'à la fertilité. On exprimait ses angoisses et ses désirs à une "entité" représentant ces angoisses, en lui donnant un nom, une forme ou une représentation, des attributs et une légende. L'esprit humain pouvait ainsi dominer sa peur et la renverser en une force positive qui lui permettait de garder dans tous les cas l'espoir d'un avenir meilleur. Si toutefois une catastrophe arrivait, cela voulait dire que la divinité en question n'avait pas été satisfaite et tous les cultes visaient alors à honorer convenablement ces divinités pour s'approprier leurs "bonnes grâces". Nul ne sait vraiment comment ces cultes primitifs étaient pratiqués, mais en se basant sur les connaissances que nous avons des tribus encore primitives étudiées au siècle dernier, ainsi que les récits des peuples plus anciens, nous pouvons affirmer que les rites de sacrifices humains n’étaient pas exceptionnels, ainsi que le cannibalisme (pratiqué il y a encore quelques dizaines d’années en Papouasie).

Cette vision de la divinité, multiple, protéiforme, variant au gré des climats et des peuples, constitue le socle de toutes les croyances que nous avons encore aujourd'hui, et en effectuant un peu « d'archéologie » dans chaque religion monothéiste nous trouverons des références à des forces ou des divinités de "bas niveau", souvent encore très populaires...

Le choc monothéiste...

Après des millénaires de croyances en différentes forces naturelles, divinités spécialisées ou locales, survint un évènement qui va rompre de façon radicale cette construction hétéroclite. Dans une région du monde qui était parmi les plus civilisées au monde, la Mésopotamie, vinrent un homme et une femme qui allaient changer pour des millénaires et des milliards de gens la façon de croire, de pratiquer les rites et tout simplement d'appréhender l'univers. Il s'agit d'Abraham et Sarah. Ils quittèrent délibérément leurs familles leurs coutumes ancestrales, et s'en allèrent nomadiser à travers tout le "croissant fertile". De ces pérégrinations décrites dans ce qui deviendra le livre de la Genèse, nous tirons plusieurs enseignements nouveaux sur la notion de divinité:

Premièrement, toutes les divinités anciennes sont considérées comme "fausses" (les fameuses idoles). Seul existe Un seul Dieu (qui n'a pas de nom d'ailleurs à ce moment). De ce Dieu Unique découle tout l'univers, rien que ça ! Il s'agit du principe fondateur même de l'univers.

Deuxièmement, cela veut dire aussi une chose qui était loin d'être admise dans le monde (et c'est le cas encore aujourd'hui), qui était que l'univers fût créé à un moment (il a un début, il n'a pas existé de toute éternité).

Troisièmement, ce Dieu Unique est Tout-puissant, et il peut agir dans le monde des humains si Il le juge opportun.

Quatrièmement, l'Histoire humaine a un sens, qui va de la création de l'univers à un âge assez flou et indéterminé dans le temps qui sont les "temps messianiques" (cette dernière notion apparaîtra 2000 ans après Abraham !)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Blog recommandé par mon amie le "Juju rouge" , kézaco ? Agréable découverte que voilà ! Sympa le blog et le traitement d'un sujet aussi universel l'est également. Les photos vues de l'espace sont cools.

C'est une question qui me taraude depuis un bon bout de temps et j'ai aussi pas mal remué de vase pour tenter d'y voir plus clair...
Je viens de publier un article dans ce sens (l'enigme noire - Omegalpha) pour dire justement toute notre ignorance du pourquoi du comment. Bref, vaste sujet de réflexion.

Encouragements pour la suite.

DJ